Des centaines de cadres français sont pris au piège de l’espionnage chinois

Les services secrets français de la DGSI alertent sur l’infiltration d’espions chinois dans les entreprises et les ministères français.

Pas moins de 4 000 cadres et hauts fonctionnaires français ont été contactés par des sociétés chinoises ces dernières années dans le but de transférer des secrets d’entreprise et des secrets d’État. C’est ce que rapporte le journal français Le Figaro sur la base d’une note du service de sécurité intérieure DGSI. Il s’inquiète de ce phénomène et exhorte le gouvernement Macron à agir.

La plupart des contacts se font via le réseau social LinkedIn. Derrière le système se cache une méthode précise contrôlée par le ministère chinois de la Sécurité d’État, qui dispose d’environ 200 000 agents.

Des noms de sociétés ronflants

La plupart d’entre eux prétendent être les dirigeants d’une entreprise de chasseurs de têtes portant des noms tels que «Global View Strategic Consulting», «China Center of International Politics and Economy» ou «Universal View Strategic Consulting».

Leur description de poste ? « Secrétaire général du centre pour le développement des études sino-européennes » ou quelque chose de similaire. Rien que sur LinkedIn, plus de 500 de ces faux profils seraient actifs. Ils s’intéressent principalement aux jeunes cadres prometteurs issus des grandes écoles françaises, spécialisés dans l’économie domestique, la défense ou la diplomatie, ainsi que dans des secteurs tels que le nucléaire, les technologies de l’information, la nanotechnologie ou les télécommunications. Ces cibles ont donc un profil attrayant et un réseau étendu. Nombre d’entre eux font déjà partie des décideurs des grandes entreprises françaises.

Le Figaro publie une liste d’entreprises chinoises qui ne sont pas tout à fait innocentes :

Les agents chinois essaient d’obtenir des informations via LinkedIn au moyen d’une communication flatteuse. En cas de succès, la communication est étendue à Skype et à Messenger et les cibles sont encouragées à transférer leurs notes. Ensuite, elles sont souvent invitées à participer à des séminaires en Chine – tous frais payés, bien sûr.

Des pratiques d’espionnage traditionnelles 

Une fois sur place, ils sont la proie des pratiques traditionnelles de la sécurité de l’État chinois: photographies compromettantes, preuves de paiement ou preuve qu’ils ont déjà fourni des informations confidentielles. Il ne reste guère d’autres options à la victime que de se livrer à l’espionnage.

Les agents chinois quittent rarement leur pays, sauf pour atteindre leurs « cibles » à Hong Kong, Macao ou éventuellement sur une plage thaïlandaise. La note de la DGSI montre que des centaines de victimes sont déjà « très impliquées dans le processus d’espionnage » et que certaines ont passé des examens à la demande de leurs clients chinois afin d’imposer leur promotion au sein des sociétés françaises.

Paris, Berlin, Washington, Londres, …

Les Chinois n’en sont pas à leur coup d’essai. Dès 2015, le service secret britannique MI6 et la CIA américaine avaient signalé des incidents similaires. Le Bundesamt für Verfassungsschutz allemand a également évalué en décembre dernier le nombre de dirigeants et de hauts fonctionnaires allemands approchés par les «contacts» chinois à près de 10 000.

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