De moins en moins de migrants demandent l’asile en Europe

L’année dernière, les demandes d’asile politique dans l’Union européenne ont chuté à un niveau comparable à celui observé avant la crise migratoire en Europe en 2015, a annoncé aujourd’hui Eurostat, l’office statistique de l’Union européenne.

Ces résultats confirment la tendance à la baisse enregistrée par Frontex, l’agence de garde-frontières et de gardes-côtes de l’UE. Par ailleurs, ces niveaux sont révélateurs des efforts des gouvernements européens pour ralentir l’afflux de réfugiés et de migrants, crise ayant causé des frictions politiques sur le continent.

Baisse significative

Selon Frontex, environ 150.000 personnes sont entrées irrégulièrement dans l’UE en 2018. Il s’agit du nombre le plus faible en cinq ans. Par ailleurs, l’année dernière, le nombre de demandeurs d’asile ayant présenté une première demande d’asile est tombé à environ 580.000. Cela équivaut à une baisse de 11% par rapport à 2017 et à un retour au niveau d’avant la crise en 2014.

En 2015, 1.256.000 demandeurs d’asile avaient été enregistrés pour la première fois. Le nombre de demandeurs d’asile en 2018 est ainsi comparable au niveau enregistré en 2014, avant les pics de 2015 et 2016.

En 2015, on avait observé la plus forte hausse de migration en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Ce pic avait été provoqué par un afflux de réfugiés fuyant la guerre civile syrienne. Une augmentation significative du nombre de réfugiés provenant d’autres régions du Moyen-Orient et d’Afrique en proie aux conflits et aux privations avait été constatée.

Destinations

L’année dernière, l’Allemagne est restée la première destination des demandeurs d’asile, suivie de la France, de la Grèce, de l’Espagne et de l’Italie. Rome, qui compte désormais un parti anti-migrants au pouvoir, a enregistré la plus forte baisse de candidatures l’année dernière. En revanche, les demandes d’asile ont augmenté de 70% à Chypre, soit la plus forte augmentation parmi les 28 États de l’UE.

Les Syriens (80.900 premières demandes d’asile), les Afghans (41.000) et les Irakiens (39.600) sont restés les principales nationalités en quête de protection internationale dans les États membres de l’UE en 2018. Ces nationalités représentent ensemble près de 30% des premières demandes d’asile.

La crise migratoire est terminée

La tendance des demandes d’asile suit avec un certain retard la baisse du nombre de réfugiés et autres migrants traversant la mer Méditerranée pour atteindre les pays de l’UE via des canaux irréguliers. Les traversées de la Méditerranée vers l’Europe ont fortement diminué. En effet, les autorités européennes et les gouvernements nationaux ont restreint les voies de migration, principalement celles de la Turquie vers la Grèce et de la Libye vers l’Italie.

« Le message est que la crise, en termes de nombre, est terminée », a déclaré Matteo Villa, chercheur sur les migrations méditerranéennes du think tank ISPI de Milan.

La forte augmentation du nombre de migrants fuyant la guerre et la pauvreté au Moyen-Orient, en Asie du Sud et en Afrique a contribué à l’essor des partis nativistes et anti-systèmes dans de nombreux pays de l’UE. Au sein de pays tels que l’Italie, la France et l’Allemagne, des politiciens populistes ont accusé la classe politique dominante européenne d’avoir perdu le contrôle sur ce qui se passait.

L’année dernière, le nombre d’arrivées en Italie, en Grèce et en Espagne, principaux points d’entrée dans l’UE par voie maritime, a chuté d’environ 90%.

L’immigration reste un sujet politique d’actualité

Malgré la baisse des arrivées et des premières demandes d’asile, l’immigration reste un sujet politique d’actualité dans de nombreux pays de l’UE. Certains partis anti-immigration, tels que la Lega du ministre italien de l’Intérieur, Matteo Savini, mettent davantage l’accent sur problèmes d’ordre public qu’ils imputent à la migration.

« Il sera certainement plus difficile pour eux de parler d’une invasion. Mais je crains que cela continue à être utilisé comme un moyen d’obtenir un soutien politique », a déclaré Carlotta Sami, porte-parole de l’agence pour les réfugiés des Nations Unies.

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