Quelque chose d’énorme vient de se produire en Europe du Sud

L’Allemagne est désormais contrainte de partager son titre de nation ayant le mieux réussi avec une autre économie de l’UE : le Portugal, un pays mené par un gouvernement socialiste. Un pays qui fait aussi partie de ce que l’on considérait il n’y a pas si longtemps encore comme  « les régions condamnées de l’UE », l’Europe du Sud. La semaine dernière, Standard & Poor’s a relevé la cote de crédit du Portugal, de « BB+ » à « BBB- », justifiant cette décision par les « meilleures perspectives de croissance », et les « progrès solides » que le pays accomplis pour améliorer sa situation budgétaire.En moins de 12 mois, le statut du Portugal a évolué de celui « d’enfant à problème de l’Europe » vers «  solution de l’Europe », et cela avec un gouvernement minoritaire socialiste qui a pris ses fonctions à la fin de l’année 2015, soutenu par le parti communiste (PCP), et le bloc de gauche (BE).

Délivré du carcan de la politique d’austérité

Selon le ministre de l’économie Manuel Caldeira Cabral, le Portugal est enfin libéré du carcan de la politique d’austérité. En rassurant les citoyens en leur garantissant qu’ils ne subiraient plus de coupes dans leurs pensions ou leurs allocations, et en permettant aux salaires d’augmenter, le gouvernement a reconquis la confiance des entreprises comme des investisseurs. Au cours du dernier trimestre, les investissements ont augmenté de 10 %, les exportations de 9 %, des pourcentages supérieurs à ceux des Pays-Bas et de l’Allemagne.

Les chiffres associés à ces mesures sont impressionnantes:

Croissance du PIB: + 2,5% (Euro: + 1,9%)Taux de chômage: 9,4%, par rapport à 14% en 2014Déficit Budgétaire : 2,1% en 2016, contre 4,4% en 2015. (pronostic 2017 : 1,5%)

Le Portugal en concurrence sur la qualité, et non plus sur les prix

Au début de son mandat, le premier ministre portugais Antonio Costa (sur notre photo, en compagnie d’Angela Merkel) avait déjà indiqué que le Portugal ne pourrait pas concurrencer les pays à bas salaires. Selon Caldeira Cabral, ce combat n’aurait jamais pu être gagné :« Il y aura toujours des pays moins chers. Mais aujourd’hui, nous produisons beaucoup de choses qui coûtent 5 € et qui sont revendues 50 €. Tenter de tirer 4,50 € de ces 5 € ne sert à rien. Nous nous sommes positionnés dans la chaîne de valeur de 45 €. »Une stratégie similaire a été mise en œuvre dans le tourisme. Cette année, on a enregistré 12 % de touristes de plus au Portugal que l’an dernier. Mais on constate également une augmentation des revenus de 20 %.Actuellement, 200 hôtels sont en cours de construction dans le pays. La majorité d’entre eux entrent dans la catégorie des 4 étoiles et 5 étoiles. Ici aussi, le pays mise sur la qualité plutôt que sur les prix.