Comment la Belgique se prépare-t-elle à un “no-deal Brexit” ?

Plusieurs pays de l’UE-27 commencent à prendre en compte un “no-deal Brexit”, la situation dans laquelle le Royaume-Uni quitterait l’Union européenne sans accord. La Belgique a également pris une série de mesures pour se préparer à un tel scénario.

Dans un mois et demi, les dirigeants de l’UE27 rassemblés à Bruxelles à l’occasion d’un sommet UE avec le Premier ministre britannique Theresa May décideront comment le Royaume-Uni peut se déconnecter au mieux de l’Union européenne. Ce qui sera décidé devra ensuite être approuvé par le Parlement britannique et par le Parlement européen, de sorte que l’accord puisse entrer en vigueur à la fin du mois de mars 2019.

« No-deal Brexit »

Mais la presse britannique prend de plus en plus en compte un “no-deal Brexit”. En d’autres termes, cela correspond à un départ du Royaume-Uni de l’UE sans accord mutuel.

Le temps presse et différents pays commencent à se préparer dans l’hypothèse où ce serait vraiment le cas. Pieter Cleppe, qui dirige le bureau bruxellois du think-tank Open Europe, a rassemblé dans un article très pertinent ce que les différents pays de l’UE ont déjà fait ou envisagent de faire. En attendant, le gouvernement belge semble également tenir compte de cette possibilité.

  • Le gouvernement belge embauchera 141 agents des douanes supplémentaires à l’automne, qui devront ensuite être formés pour être opérationnels d’ici avril 2019. Mais le syndicat qui représente les douanes n’est pas du tout sous pression et a déjà accusé le gouvernement de sous-estimer la charge de travail supplémentaire. La Belgique agit une fois de plus encore trop tard, disent les syndicats et ils se réfèrent aux Pays-Bas qui se pris des mesures bien plus précocément. Les Pays-Bas recrutent pas moins de 930 douaniers, soit une augmentation de 20 % de l’effectif total.
  • La douane belge a mis en place un comité interne qui sera chargé de l’infrastructure supplémentaire et de la formation du personnel supplémentaire que nécessiterait une situation de no-deal Brexit. De même, une liste circule qui prévoit une série d’articles qui seront nécessaires après le Brexit, tels que des scanners de bagages, des chiens renifleurs, des scanners manuels, des drones pour surveiller la côte, un sous-marin qui peut détecter les navires dans la mer du Nord, mais aussi des véhicules supplémentaires, des ordinateurs, des locaux de travail et des uniformes. En outre, un plan a été élaboré pour coordonner les actions avec les pays voisins, la Commission européenne, les ports et les aéroports belges.

© EPA

  • Une attention particulière sera accordée aux ports de Zeebruges et d’Anvers, qui sont tous deux des centres de distribution majeurs pour les marchandises dont la destination finale est le Royaume-Uni (voir graphique ci-dessous). Une  étude récente de la banque ING  montre que 58 % des échanges par voie maritime et depuis Londres se font via la Belgique et les Pays-Bas. Les grands porte-conteneurs font d’abord escale à Rotterdam, Zeebrugge et/ou Anvers, après quoi, de plus petits navires transfèrent des marchandises vers le Royaume-Uni (et vice versa).

Joachim Coens, CEO du port de Zeebruges – où le trafic à destination et en provenance du Royaume-Uni couvre 46 % de toutes les activités – se  dit prêt pour le Brexit. Par exemple, une plateforme numérique a été développée pour accélérer les formalités douanières. Coens pense qu’il est encore mieux préparé que ses concurrents, car Zebruges est spécialisé dans le fret ro-ro ( roll-on-roll off), qui ne fait pas appel à des chauffeurs routiers.

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