La coalition suédoise sort de l’ombre : avec Jambon I, De Wever veut faire oublier la dernière législature

Aujourd’hui se termine un numéro d’ombres chinoises qui a duré des jours, voire des semaines : les partis suédois se sont retrouvés pour former une coalition. La combinaison la plus logique, mais humainement difficile après l’échec de la coalition suédoise dans la période 2014-2019.

La perte était sans précédent le 26 mai 2019. Avec une coalition, un parti peut perdre beaucoup. Mais ce jour-là, les partis « suédois » se sont tous rétamés : la N-VA a chuté de 25 %, une chute de montagnes russes, le CD & V a perdu et est retombé à des tréfonds historiques avec seulement douze sièges, et même Open Vld a été touché.

Ce n’est pas illogique, car la suédoise s’était achevée par une forte gueule de bois. Déjà à la fin de 2018, le gouvernement fédéral, également suédois, était tombé, mettant fin à un cabinet surnommé « kibbelkabinet » (cabinet de disputes, NDT) avec exactement ce qu’il avait fait depuis quatre ans : se livrer une bataille acharnée contre lui-même.

Et pourtant, ce sont précisément ces partis qui formeront à nouveau le gouvernement flamand. D’autant plus qu’au cours de la période passée, ils se sont retrouvés tous trois retrouvés en coulisses. Alors que l’on spéculait sur toutes sortes de scénarios, qu’il s’agisse de coalitions bourguignonnes (sans CD&V) ou même d’une coalition dite « de fusées » (sans Open Vld), De Wever et les dirigeants d’Open Vld et CD&V se sont réunis pour former une nouvelle équipe.

Rassemblés aujourd’hui pour donner le feu vert

Wouter Beke (CD & V)
Le président de CD & V, Wouter Beke, appelle ses troupes.

Le résultat de ces discussions sera présenté aujourd’hui. Open Vld et CD&V ont reçu hier la note des informateurs de De Wever. Aujourd’hui, ils tiendront des réunions de parti au cours desquelles une approbation sera donnée. La N-VA se rassemblera également. On ne s’attend aucune résistance au cours de ces trois réunions, pas même avec la N-VA.

Car malgré la dure expérience de ces dernières années, les trois sont soulagés par la poursuite de la coalition : idéologiquement, deux partis de droite et un parti du centre se retrouvent de nouveau. Chaque coalition avec les socialistes avait accentué les contradictions de fond.

Il est trop tôt pour les détails de ces négociations. Mais ce qui est déjà clair, c’est que le contraste entre les rapports sur la formation de coalitions et ce qui s’est réellement passé est si grand que les différents partis ne pouvaient manquer de le souligner.

Tout indique que De Wever a appliqué son « approche anversoise » aux négociations flamandes : une camisole de force discrète et serrée pour méthode de travail, dans laquelle les cycles « information » et « formation » sont totalement confondus. Contrairement à la détermination préalable des partenaires de la coalition, puis à la discussion sur le contenu, ces discussions de fond font partie de l’ensemble et permettent de parvenir à un accord plus détaillé. Il en résulte qu’une note des informateurs est maintenant disponible et qu’elle a déjà été approfondie. Le travail des vrais négociateurs, qui vont bientôt passer sous la direction du formateur flamand Jan Jambon (N-VA), a déjà été accompli en grande partie.

Négociations fédérales : la coalition flamande se présente unie

Il est impensable que les nouveaux partenaires de la coalition flamande n’aient même pas parlé du gouvernement fédéral. La N-VA a été claire à ce sujet après les élections : elle ne tolérerait pas la formation d’un gouvernement flamand, avec des partenaires qui mettraient alors la N-VA de côté au niveau fédéral. De son côté, CD&V risquait de perdre le pouvoir fédéral, pour se tourner vers la voie bourguignonne. Et pour Open Vld, il y avait la menace d’une coalition arc en ciel, à laquelle ils auraient dû se joindre, si la N-VA s’opposait au niveau fédéral.

Il est donc logique que les trois partis lient maintenant leur destin afin de mettre sur pied une coalition fédérale. Cependant, cela doit s’accompagner d’un flanc francophone stable pour l’équipe fédérale. Logiquement, on regarde le gouvernement wallon, dans lequel MR et PS vont très probablement s’unir.

Mais la décision de N-VA et Open Vld est un coup dur pour le compte des informateurs fédéraux. Ils avaient espéré des coalitions cohérentes, dans lesquelles une combinaison de libéraux, de socialistes et de N-VA était possible en Flandre. Cette même coalition aurait pu être fédérale. La coalition bourguignonne s’est révélée infaisable pour les Flamands, avec une majorité de deux sièges. Désormais, il reste à savoir si le PS peut être impliqué dans d’autres combinaisons.

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