Le président chinois Xi Jinping va-t-il planter son drapeau au cœur de l’Europe aujourd’hui à Rome?

Le dirigeant chinois Xi Jinping arrive aujourd’hui à Rome pour une visite de deux jours. L’Italie est le premier membre du G7 à signer une déclaration officielle en faveur de l’initiative chinoise Belt-and-Road (B&R).

« One Belt, One Road » est un réseau mondial de routes, de ports, de chemins de fer et de projets énergétiques d’une valeur de plus de 1 000 milliards de dollars. Les nouveaux itinéraires relieront la Chine à 80 pays du reste du monde pour mener ensuite vers le pays. Les Chinois appellent leur projet la « Nouvelle Route de la Soie ».

Avec cette initiative, la Chine veut accroître ses échanges commerciaux et sa puissance internationale. Pour ce faire, elle investit massivement dans les routes, les chemins de fer et les ports du monde entier. Mais la décision de l’Italie de se joindre à l’initiative est controversée. Le plan repose sur le fait que la Chine devrait devenir la puissance économique mondiale dominante du 21ème siècle. Et non plus les États-Unis.

L’argent chinois rend vulnérable aux pressions de Pékin

Bruxelles et Washington craignent que l’Italie devienne soumise aux pressions de Xi Jinping & co. quand elle commencera à emprunter de l’argent chinois. Une formule à succès grâce à laquelle les Chinois ont déjà pris en otage plusieurs paysL’Italie ploie déjà sous une énorme montagne de dettes. Mais contrairement aux économies plus petites de la zone euro, une crise systémique dans «la Botte » pourrait mener à l’effondrement de toute la zone euro.

L’Italie n’a guère le choix

Il y a également un désaccord à Rome sur le rapprochement avec la Chine. Le vice-Premier ministre Luigi Di Maio n’est pas opposé à l’argent chinois, mais le très populaire ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini est plus sceptique.

Cependant, l’Italie n’a guère le choix. La coalition gouvernementale populiste a fait de nombreuses promesses sans prix, et l’argent chinois semble être la solution aux problèmes les plus pressants. Auparavant, Bruxelles avait forcé Di Maio et Salvini à revenir sur leurs promesses de campagne. En effet, le gouvernement anti-système Conté devait réduire les impôts dans le pays et augmenter les dépenses sociales.

Le fait que de nouvelles infrastructures puissent maintenant être construites avec l’argent chinois est une situation win-win pour les deux pays, surtout après l’effondrement d’un pont à Gênes l’année dernière. Une catastrophe qui a fait l’objet de beaucoup d’attention dans les médias et au cours de laquelle 35 personnes ont perdu la vie.

L’UE n’est même pas d’accord sur la Chine

Mais il existe d’autres blocages. L’UE n’est même pas d’accord sur les investissements technologiques, les équipements 5G et les autres infrastructures que la Chine veut fournir. Les petits pays d’Europe centrale et orientale semblent accueillir favorablement l’argent chinois. Les grandes économies s’inquiètent des implications financières et sécuritaires du capital chinois.

Vendredi, les États membres de l’UE aborderont cette question lors du sommet européen qui commence aujourd’hui. Néanmoins, on peut déjà dire que la décision de la quatrième économie de l’UE d’embrasser Pékin a créé une nouvelle ligne de fracture en Europe.

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