C’est quoi la politique monétaire?

La politique monétaire a un objectif de stabilité tout en soutenant la politique économique d’un État ou d’un ensemble d’États (Union européenne).

La politique monétaire est généralement menée par une banque centrale. Elle agit sur l’offre de monnaie en vue d’un triple objectif de stabilité: la stabilité des prix, la stabilité des taux d’intérêt et la stabilité des taux de change. Son deuxième grand rôle est de permettre la réalisation de la politique économique d’un État: la croissance, le plein emploi et l’équilibre extérieur. Tout cela se fait en parallèle à la politique budgétaire qui interagit et avec laquelle elle forme un ensemble. 

La politique monétaire se fait aussi au niveau mondial pour réguler les taux de change, mais aussi au niveau européen, car plusieurs pays partagent la même monnaie au sein de l’euro zone

Histoire

Historiquement, le système monétaire international naît avec le système Bretton Woods. Il résulte des accords signés en 1944. Deux grandes institutions voient le jour: la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et le Fonds monétaire international (FMI). 

La BIRD est aujourd’hui connue sous le nom de Banque mondiale. Après la Seconde Guerre mondiale, son rôle était de reconstruire l’Europe principalement. Actuellement, son objectif est d’éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde et de promouvoir la croissance à travers le globe. Elle le fait sous forme de prêts aux États, selon des taux d’intérêt très faibles ou nuls.

Le FMI assure la stabilité du système monétaire international (SMI) et gère les crises financières et monétaires. Concrètement, le FMI fournit des crédits aux pays qui connaissent des difficultés financières. Il conditionne généralement ses prêts à des réformes économiques dans le pays ciblé. On parle d’ingérence financière en vue de pérenniser les finances d’un État pour qu’il contrôle ses dépenses. À l’origine, le FMI n’avait qu’un rôle de stabilité du système international. Il ne fallait absolument pas revivre le krach de 1929 qui avait provoqué une crise économique sans précédent.

Le début des années 70 fait office de tournant. Le système Bretton Woods mettait jusqu’alors en place des taux de change fixes par rapport au dollar des États-Unis. Eux s’engageaient à assurer la convertibilité de leur monnaie en or pour tous les membres du FMI. C’est le cas jusqu’en 1971. Suite à plusieurs crises, les États-Unis décident de suspendre la convertibilité du dollar en or. Le choc pétrolier de 1973 fait tout voler en éclatS. Les taux de change sont désormais flottants, c’est-à-dire qu’ils sont conditionnés par les forces du marché. 

Le FMI perd son rôle de gendarme pour veiller à la stabilité des taux de change dans une marge de 1%. Le FMI sera désormais chargé de régler les problèmes d’endettement des pays en développement, en plus de son rôle lors de certaines crises financières. Il est aujourd’hui composé de 189 États, chacun ayant une voix pondérée par sa participation financière. Reste que la plupart des décisions sont prises à l’unanimité, même si l’Europe et les États-Unis, de par leur poids financier, pèsent considérablement sur l’institution. Le FMI et ses décisions sont intimement liés à la Banque mondiale.

Aussi, une troisième institution internationale découlera, quelques années plus tard, des accords de Bretton Woods. Une institution chargée de réguler le commerce international. En ressort le GATT pour General agreement on tariffs and trade. Dépendant d’abord des Nations Unies, l’institution va se transformer en Organisation mondiale du commerce (OMC) et volera de ses propres ailes. 

La politique monétaire européenne

La fin du système Bretton Woods oblige l’Europe à réagir. Elle le fait via le Serpent monétaire européen, un système de contrôle des taux de changes des différentes monnaies européennes. Mais ce système volera rapidement en éclat et conduira l’Europe vers la monnaie unique. Les variations de taux de changes sont intenables, notamment vis-à-vis des prix agricoles.

En 1998, l’UE décide de créer la Banque centrale européenne (BCE). Elle va contribuer à préparer la venue de l’euro. Une monnaie qu’elle sera chargée d’émettre comme devise commune et unique de l’Union monétaire et internationale. Cette politique a été mise en place dès 1990 en vue de rapprocher les économies de l’Union européenne et aboutira, à terme, sur la zone euro.

La politique monétaire européenne est régie par le Système européen de banques centrales (SEBC) qui regroupe lui-même la BCE et les BCN pour banques centrales nationales. Cet Eurosystème fait basculer certaines fonctions des BCN vers la BCE: principalement l’émission de monnaie et la politique monétaire.  

La BCE conduit aujourd’hui la politique de change dans la zone euro, elle détient aussi les réserves de change des États membres, la BCE assure le bon fonctionnement des systèmes de paiement (procédures bancaires et de systèmes interbancaires) et elle supervise les principales banques de la zone euro via un mécanisme de surveillance unique. 130 banques sont concernées. Pour ce dernier rôle, il a été créé suite à la crise bancaire et financière de 2008. Une crise durant laquelle toutes les grandes institutions monétaires ont été critiquées. D’une part pour ne pas avoir vu venir la crise, d’autre part pour leur interventionnisme dans la crise de la dette qui s’en est suivie.

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Fonctionnement

Comme pour la politique monétaire au niveau mondial, le rôle de la politique monétaire européenne, dans le cadre du SEBC, est de maintenir la stabilité des prix. Pour cela, elle utilise des mesures tant conventionnelles que non conventionnelles

Parmi les méthodes conventionnelles, on peut citer des instruments tel que les opérations d’open market, les facilités permanentes et la constitution de réserves obligatoires. Mais face à la crise financière, la BCE a dû adopter un certain nombre de mesures de politique monétaire non conventionnelles comme l’achat d’actifs et d’obligations d’État, dans le but de préserver la stabilité des prix et l’efficacité du mécanisme de transmission de la politique monétaire. 

La stratégie monétaire de la BCE s’organise autour de deux piliers: l’analyse économique qui évalue à court et moyen terme l’évolution des prix. L’accent est mis sur les activités réelles et les conditions financières de l’économie.  Elle tient compte du fait que l’évolution des prix est largement influencée par l’interaction entre l’offre et la demande tant sur le marché des biens, que des services ou des facteurs de production. À cet effet, la BCE  examine régulièrement les évolutions globales de la production, de la demande et de la situation du marché du travail.  

Le second pilier est l’analyse monétaire qui s’appuie sur le lien à long terme entre la quantité de monnaie en circulation et les prix. Elle sert principalement à recouper l’analyse économique et consiste à une analyse détaillée des évolutions de la monnaie et du crédit en vue d’évaluer leurs implications pour la future inflation et la croissance économique.

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