Ce sont surtout les très riches qui peuvent pratiquer l’évasion fiscale

« Nous avons constaté que plus vous êtes riche, plus vous risquez de cacher des biens », écrivent des professeurs d’économie qui ont observé la part de grosses fortunes qui pratiquent l’évasion fiscale en Scandinavie. Le résultat est sans appel: 80% des richesses qui échappent à l’impôt appartiennent à 0,1% des comptes offshores.

Une étude portant sur l’évasion fiscale et les inégalités de richesse a été réalisée par Annette AlstadsæterNiels Johannesen et Gabriel Zucman, deux professeurs d’économie et un assistant en économie. Elle compare les richesses scandinaves qui échappent à l’impôt avec la part d’individus qui les détiennent.

En combinant les données publiques, les données fournies en échange d’une amnistie et les données révélées par des journalistes et des lanceurs d’alertes, les professeurs sont parvenus à fournir une image assez complète de combien chaque groupe social parvient à faire échapper aux taxes. Et ils ont constaté que « plus vous êtes riche, plus vous risquez de cacher des biens ».

50% de la richesse détenue par 0,01%

En observant les noms des grosses fortunes qui se retrouvent dans les affaires comme le SwissLeaks, les Panama Papers ou le LuxLeaks, les économistes ont découvert que la concentration des richesses étaient particulièrement élevées dans l’évasion fiscale.

« La richesse offshore apparaît comme extrêmement concentrée au sommet de la répartition des richesses: selon nos estimations, 50% des actifs offshore appartiennent aux ménages les plus riches (0,01%) et environ 80% aux autres riches (0,1%) », ont-ils observé.

Ratio de la fraude fiscale par groupe de richesse

© voxeu

Les riches ont les moyens de le faire 

Si l’évasion fiscale est ainsi pratiquée par un aussi petit nombre, c’est parce que c’est une activité qui n’est pas à la portée de tout le monde. Les banques ne s’intéressent pas à ceux qui ont moins de 15 millions d’euros à investir « car le fait de servir trop de fraudeurs augmenterait le risque que des banques et des cabinets d’avocats découvrent qu’ils contreviennent à la loi ». Pour le reste des fortunes, celles qui n’appartiennent pas aux 0,1%, créer des mécanismes d’évasion fiscale n’est souvent pas assez rentable.

L’étude s’est focalisée sur les pays scandinaves: Norvège, Suède et Danermark. Mais ce modèle peut être appliqué au reste du monde, affirment les auteurs de l’étude. « L’évasion fiscale chez les riches pourrait même être encore plus élevée dans les autres économies développées, étant donné que les économies scandinaves se classent parmi les pays ayant le plus grand respect pour la primauté du droit, le moral le plus élevé et le plus bas des paradis fiscaux ».

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