Le casse-tête européen : pas d’accord sur les plus hauts postes

Il n’est rien sorti d’un sommet à Bruxelles, au cours duquel il était question de l’attribution des plus hauts postes européens. Angela Merkel, la chancelière allemande, a refusé de laisser tomber « son » candidat, le démocrate-chrétien Manfred Weber, qui convoite la présidence de la Commission européenne. Mais il n’y a pas de majorité autour de lui, ni autour du socialiste Frans Timmermans ou de la libérale Margrethe Vestager.

Il n’y a pas encore de successeur au président de la Commission Jean-Claude Juncker et au président du Conseil européen Donald Tusk. Les chefs de gouvernement des 28 États membres de l’UE se sont réunis à Bruxelles pour en discuter. Tusk a fait tout ce qui était en son pouvoir pour parvenir à un accord et a rassemblé la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, entre autres, pour une réunion intime.

Mais ça n’a pas marché. Tard dans la soirée, Tusk a dû admettre qu’il n’avait pas trouvé un nouveau président de la Commission. Ce dernier doit recueillir le soutien d’une majorité de dirigeants européens et d’une majorité au Parlement.

Les hauts postes européens : « Pas de majorité pour aucun candidat »

« Il n’y avait pas de majorité pour aucun candidat. Nous convenons que l’ensemble du paquet doit refléter la diversité de l’Union européenne. Nous nous reverrons le 30 juin », a déclaré Tusk lors de la conférence de presse qui a suivi.

Pedro Sanchez Perez-Castejon – Angela Merkel – Emmanuel Macron (Pier Marco Tacca / Getty Images)

Le président français Emmanuel Macron est également venu s’adresser à la presse. Son message était clair : maintenant que les « Spitzenkandidats » [c’est à dire, les candidats têtes de liste de chacun des partis au sein du Parlement] ont eu leur chance, il est temps d’envisager de nouveaux candidats pour les meilleurs postes européens. En réalité, c’était le cas depuis un certain temps. Ces derniers jours, Macron s’en est pris une paire de fois à Weber, le Spitzenkandidat allemand de la famille démocrate-chrétienne en Europe.

Ce faisant, Macron avait froissé Merkel : lors de ce sommet européen, elle n’a voulu accepter d’autre candidat que les trois proposés par les partis européens : Weber, mais aussi Frans Timmermans des socialistes européens et Margarethe Vestager des libéraux européens. Donc, aucun des trois n’a fait l’affaire. Macron veut maintenant une équipe de dirigeants européens « qui incarnent une nouvelle ère pour l’Europe ».

Un grand casse-tête européen

Outre un nouveau président de la Commission européenne, il faut trouver des vice-présidents, qui se verront confier les lourdes compétences européennes, telles que la concurrence. Et, bien sûr, un nouveau président du Conseil européen, une sorte de président européen, est nécessaire. En outre, il y a également des postes vacants pour le poste de Haut représentant pour la politique étrangère, une sorte de ministre des affaires étrangères de l’UE, et le poste de président de la Banque centrale européenne.

Le site Politico a eu connaissance d’une fuite citant le nom du Premier ministre Charles Michel (MR) ces derniers jours. Il serait poussé par Tusk pour devenir son successeur. Après tout, le président européen doit être choisi parmi les 28 dirigeants de l’UE et il n’y a pas beaucoup de candidats potentiels. Si le travail devait aller aux libéraux, et c’est ce que voudrait Tusk, il aurait une chance sérieuse.

Mais une fuite a gâché les chances de Michel, et un seul homme en profite : Guy Verhofstadt (Open Vld). Ce dernier a été mis de côté en tant que chef du groupe libéral au Parlement européen. Renew, la famille bleue en Europe, est maintenant dirigée par Dacian Ciolos. Verhofstadt s’est rendu compte qu’il ne survivrait pas à un vote interne et n’était plus candidat. Mais il souhaiteriat obtenir le poste de président du Parlement. Et ce n’est évidemment pas possible si les libéraux obtiennent un autre poste de haut niveau. Le pain d’un Belge signifie donc la mort d’un autre.

Ensemble à nouveau dans 10 jours

En principe, la présidence de la Commission est dévolue aux démocrates-chrétiens européens, qui demeure la plus grande famille. Mais Weber est donc inacceptable pour les autres. Si Merkel et ses collègues veulent réclamer ce poste, ils doivent proposer un nom différent. C’est alors aux libéraux qu’il incomberait de nommer le président européen. Dans un tel scénario, les socialistes se voient attribuer la présidence du parlement et le haut représentant.

Donald Tusk
Donald Tusk, le président européen.

Mais la question est de savoir si cette construction sera à nouveau sur la table dans les dix jours, lorsque les dirigeants de l’UE se réuniront à nouveau. En effet, les chefs de gouvernement veulent un accord avant la réunion du Parlement européen. Le 2 juillet, ils éliront un président et si les chefs d’État ou de gouvernement ne décident rien d’ici là, les parlementaires prendront eux-mêmes l’initiative.

Il se peut fort bien qu’une proposition de compromis complètement différente émerge si Tusk reçoit à nouveau les dirigeants de l’UE dans les 10 jours. En tout cas, Michel y était presque arrivé, mais pas de fumée blanche pour l’instant.