Cannabis : Bientôt, tout le monde en consommera… mais personne ne le fumera

Les rues de San Francisco ne sentent plus la marijuana comme c’était le cas auparavant, affirme Farhad Manjoo du New York Times. En effet, depuis que l’usage récréatif de la drogue douce est devenu légal en Californie en 2016, de nouvelles formes de consommation sont apparues. Désormais, on la consomme en boisson, dans des cookies, en pastilles en chewing-gum en crème, … bref, on ne la fume plus. En effet, la légalisation du cannabis a alimenté l’éclosion d’une kyrielle de start-ups qui s’évertuent à trouver des solutions pour populariser sa consommation. Cela passe par la libération de la marijuana de la nécessité de la fumer. L’idée sous-jacente, c’est que le joint traditionnel ne permettait pas à la drogue de développer son plein potentiel commercial. Grâce à de nouvelles méthodes de consommation, il est possible de modifier radicalement l’image du haschisch.On ne doit plus le présenter comme l’apanage d’un groupe de paresseux hébétés, mais comme le ressort du bien-être de demain, l’antidote contre une société anxiogène et l’omniprésence de la technologie. Les nouvelles formes de marijuana sont vouées à traiter l’anxiété, l’insomnie, la douleur, l’absence de libido ou de créativité. De cette manière, ces sociétés espèrent ratisser un marché bien plus vaste.

Les cartouches de cigarette électronique

L’essor de Eaze, une start-up californienne spécialisée dans la fourniture de cannabis, est tout à fait évocatrice de cette tendance. À ses débuts, en 2014, la « fleur » de marijuana, que les consommateurs devaient fumer dans des pipes ou des joints, représentait 85 % des ventes. Aujourd’hui détrônée par les cartouches pour cigarettes électroniques, elle en représente moins d’un tiers.Les cigarettes électroniques présentent en effet de nombreux avantages : elles dégagent peu d’odeurs, sont facilement transportables, se dissimulent facilement et sont commodes d’emploi. En outre, les utilisateurs peuvent acquérir des cartouches aux parfums différents, et, en ce qui concerne le cannabis, avec des forces différentes.

L’Américain moyen consommera du cannabis

Eaze affirme que les ventes de cartouches ont augmenté de 300 % en 2017. En outre, les femmes, qui représentaient 25 % de ses clients en 2015, totalisent désormais 35 % de la clientèle, tandis que les baby-boomers sont le segment qui connait la croissance la plus dynamique. Des statistiques que Jim Patterson, le CEO de Eaze, commente ainsi :

« L’histoire ici, c’est que le consommateur moyen de cannabis est devenu l’Américain moyen ».

Désormais, les start-ups du cannabis n’ont plus aucun problème de financement. Les investisseurs se pressent pour leur prêter de l’argent. En outre, la légalisation a eu pour effet de faire baisser les prix de la marijuana, ce qui renforce son attrait pour les consommateurs.

Alcool vs cannabis

Selon Vivien Azer, une analyste qui étudie les marchés de l’alcool et du cannabis, l’image de ce dernier a tellement évolué qu’il pose désormais une menace pour le premier.Elle explique que depuis 2008, on observe une très forte baisse de la consommation d’alcool parmi les jeunes âgés d’entre 18 et 25 ans. D’un autre côté, le nombre de ceux qui affirment consommer du cannabis a fortement augmenté. Cette tendance provient d’une modification dans la perception du risque. Autrefois, les jeunes pensaient que fumer de la marijuana était plus risqué que boire de l’alcool. Aujourd’hui, ils sont convaincus du contraire.L’année dernière, dans une note qu’elle a adressée aux investisseurs, Mme Azer a indiqué que les jeunes étaient à l’avant-garde d’une nouvelle tendance :

A l’avenir, beaucoup de citoyens planeront, mais aucun ne fumera.

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