campagnes de désinformation : 70 pays y ont recours

Une étude publiée jeudi par les chercheurs de l’Université d’Oxford révèle que près de 70 pays ont eu recours à des campagnes de désinformation coordonnées sur les médias sociaux pour manipuler l’opinion publique. Cela signifie que cette tendance est en plein essor : l’année dernière, ils n’avaient été « que » 48 à employer ces pratiques. 

Ce type de campagne peut être mise en oeuvre par des partis politiques ou les organismes gouvernementaux. Ils emploient des algorithmes d’intelligence artificielle, des analyses de données et d’autres outils numériques pour répandre de la propagande et de la désinformation politique sur les médias sociaux. Il peut aussi s’agir de régimes autoritaires désireux de remettre en cause les droits de l’homme ou de discréditer les opposants politiques, d’étouffer des points de vue opposés et de s’ingérer dans les affaires étrangères. Leurs tactiques peut faire appel à des bots, des faux comptes de médias sociaux et des « trolls ».

La multiplication des campagnes de désinformation

Mais pour les chercheurs, ce qui est le plus troublant, c’est le rythme de progression de cette tendance dans le monde. Au cours des deux denrières années, elles ont doublé. Il semble bien que ces campagnes soient appelées à devenir un élément permanent du paysage politique mondial.

Facebook s’est révélé être le vecteur de prédilection de ces campagnes, puisque 56 % des pays en question y ont fait appel pour répandre ces messages. Cela s’explique sans doute par la popularité de la plate-forme, qui se targue désormais de compter 2 milliards d’utilisateurs. Mais la question de l’efficacité du réseau social à éliminer les messages de désinformation se pose également. Facebook a tendance à concentrer ses efforts de modération sur des publicités ne ciblant que des cibles minimes. Mais le réseau social ne résoud pas les problèmes structurels plus profonds facilitant la diffusion d’informations fausses et trompeuses. Et compte tenu de l’ampleur de ces campagnes, elles en sont peu affectées globalement. Pour résoudre ce problème, il faudrait examiner l’algorithme et le business-model sous-jacent », affirme Samantha Bradshaw, l’un des chercheurs à l’origine des ces travaux.

7 pays utilisent ces campagnes pour influencer l’opinion publique d’autres nations

En outre, selon l’étude, 7 pays utilisent la désinformation pour exercer une influence sur d’autres nations. Il s’agit de l’Arabie saoudite, de la Chine, de l’Inde, de l’Iran, du Pakistan, de la Russie, et du Venezuela.

Mais la Chine se distingue par ses efforts croissants pour devenir une puissante force de désinformation, affirment les chercheurs. Avant les manifestations de Hong Kong de cette année, ses interventions se limitaient principalement aux plates-formes nationales comme Weibo et WeChat. Mais désormais, l’empire du Milieu étend ses pratiques sur des réseaux sociaux internationaux, tels que Facebook, Twitter et YouTube. En août, Facebook, Twitter et YouTube ont suspendu des comptes liés à Beijing qui répandaient des « infox » sur les manifestations.
Une autre mauvaise nouvelle est que ces stratégies sont aussi accessibles à des petits pays avec de faibles moyens, et désormais, même des pays tels que l’Azerbaïdjan, le Tadjikistan, le Myanmar, le Zimbabwe ou le Bahreïn s’y adonnent.

« 120 pays mentent »

La question qui se pose naturellement est de savoir pourquoi tous les gouvernements n’utilisent pas cette technologie, écrit Dominique Dewitte. « Les spécialistes des médias ont la réponse: +Ils le feront bientôt, si ce n’est pas déjà le cas.+ Le chercheur en sécurité, Thaddeus E. Grugq, clarifie encore davantage sur son fil Twitter: +120 pays mentent.+ »

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