Bientôt, dans le ciel, vous verrez… des publicités

StartRocket, une startup russe, ambitionne de lancer plusieurs cubesats (de très petits satellites) avec un objectif bien particulier : ils seront destinés à diffuser des publicités lumineuses dans le ciel nocturne, à la manière des enseignes de néon. Mais il faudra d’abord que l’entreprise obtienne les autorisations nécessaires…

Pour illustrer son projet, StartRocket a conçu une vidéo montrant ce à quoi ces publicités pourraient ressembler. On y découvre les cieux de plusieurs villes ou sites iconiques, illuminés brièvement par les logos lumineux modifiés (« Trade Mark » oblige…) de grandes marques telles que Coca-Cola, ou McDonald’s.

Des publicités visibles dès 2021… ou pas

La startup explique qu’elle procédera dès l’année prochaine au lancement de ce qu’elle appelle son « affichage orbital » (‘Orbital Display’), et que les publicités seront visibles dès 2021. Les petits satellites employés pour ces illuminations, des « cubesats », seront placés sur orbite à entre 400 et 500 km d’altitude. Les messages lumineux qu’ils diffuseront ne seront visibles du sol que pendant 6 minutes à la fois.

StartRocket n’a pas donnée d’idée de prix pour les entreprises intéressées par ce nouveau vecteur de communication, mais est certaine que les marques seront prêtes à payer, car « l’ego veut briller plus fort que le soleil ». 

Reste à savoir si ce projet est réellement faisable. Sur le plan technique, il l’est certainement ; en revanche, on peut se demander si les régulateurs accorderont une autorisation. Selon Randy Segal, une avocate spécialisée en droit de l’espace et satellite au sein du cabinet Hogan Lovells, son principal obstacle pourrait provenir des instances en charge de la sécurité aérienne, qui pourraient s’inquiéter d’une interférence néfaste avec les avions. En outre, la société russe devra aussi s’attendre à ce que des organisations ou des juridictions de certaines parties du globe s’opposent à l’affichage de publicités au dessus de leurs locaux ou territoires. 

« Lorsque la télévision est arrivée, personne n’aimait les publicités »

Alexey Skorupsky de StartRocket balaie ces réserves. Il rappelle que l’année dernière, une entreprise néo-zélandaise, Rocket Lab, a placé sur orbite « Humanity Star », une boule disco géodésique, avec pour seule motivation d' »encourager les gens à lever les yeux vers le ciel et à reconsidérer notre place dans l’univers ». 

Cette initiative avait suscité un tollé des astronomes en raison de la pollution lumineuse dont ce satellite totalement inutile quoique « artistique » est à l’origine, même si le nouvel objet céleste n’est visible que pendant des périodes de quelques minutes, au cours desquelles il clignote. Mais Skorupsky, n’en a visiblement cure : « Je pense que les scientifiques peuvent utiliser ce temps pour aller faire pipi ou se servir un café », dit-il.

En effet, selon lui, la commercialisation de l’espace est inévitable. « Nous développons un nouveau média. À l’avènement de la télévision, personne n’aimait la publicité », explique-t-il. Son collègue Vlad Sitnikov, chef de projet de StartRocket, voit quant à lui dans la commercialisation du ciel nocturne la nouvelle étape logique de la publicité : « Nous sommes régis par les marques et les événements. Le Super Bowl, Coca Cola, le Brexit, les Jeux Olympiques, Mercedes, FIFA, et le mur à frontière du Mexique. L’économie est le système sanguin de la société. Le divertissement et la publicité sont au cœur de ses préoccupations. Nous vivrons dans l’espace et l’humanité commencera à diffuser sa culture dans l’espace. Les pionniers les plus professionnels et les plus expérimentés le rendront meilleur pour tout le monde. »

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