Le climat provoquera-t-il un premier choc au sein de la BCE de Lagarde ?

Le 1er novembre, la française Christine Lagarde devient la nouvelle présidente de la Banque centrale européenne. Elle succède à l’Italien Mario Draghi, qui a eu deux mandats de 4 ans.

Les derniers mois de Draghi ont été caractérisés par des désaccords au sein du conseil des gouverneurs. Certains lui reprochent d’avoir écrit sa politique en fonction des besoins de l’Italie. La française tentera dans un premier temps de ramener le conseil sur la même longueur d’onde. Lagarde est connue pour sa volonté de toujours trouver le consensus. La question est de savoir si cela fera une différence.

Un discours prononcé cette semaine par Jens Weidmann, le président de la Bundesbank allemande, est remarquable à cet égard. Weidmann est l’un des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE qui a exprimé à plusieurs reprises son mécontentement à l’égard de la politique de Draghi

Obligations vertes

L’Allemand a ouvert une conférence organisée par la Bundesbank dans laquelle le rôle des banques centrales et le changement climatique jouaient un rôle central. Weidmann a déclaré qu’il considèrerait « avec un œil très critique » toute tentative de la BCE de placer le changement climatique au centre de sa stratégie. Dans ce contexte, il a évoqué les « obligations vertes » qui pourraient faire partie de la politique d’assouplissement (QE) de la BCE. Les banques centrales ne peuvent pas prendre de telles mesures, estime Weidmann. Selon lui, elles n’ont aucune légitimité démocratique.

Il est possible que Lagarde et Weidmann soient déjà sur une trajectoire de collision à ce sujet. La Française, qui a succédé à Dominique Strauss-Kahn il y a 8 ans au FMI, a toujours suivi les changements climatiques avec un grand intérêt, contrairement à Draghi. Lors de sa première intervention devant le Parlement européen, elle a confirmé que le changement climatique serait l’une de ses priorités à la BCE. Par exemple, elle avait suggéré que la Banque centrale européenne concentre ses achats sur les « obligations vertes » une fois que les régulateurs concernés auraient élaboré un cadre durable à cet effet.

« Nein zu allem »

D’autres banquiers centraux demandent également que des mesures soient prises pour lutter contre les changements climatiques. Notamment le Canadien Mark Carney, qui est à la tête de la Banque d’Angleterre, et qui quittera son poste à la fin du mois de janvier. Pourtant, peu ont été en mesure d’ajuster la politique monétaire en ce sens. Weidmann a exprimé à plusieurs reprises son scepticisme à l’égard des 2 600 milliards d’euros d’obligations que la BCE a achetées sous le mandat de Draghi. Cela lui a valu le surnom de « nein zu allem », « non sur tout », qui lui a été attribué par l’Italien.

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