Attaques acoustiques de Cuba ? Il ne s’agirait que de grillons…

Il y a deux ans, desattaques acoustiques avaient été signalées à Cuba. Des diplomatesaméricains s’étaient plaints de sons persistants et aigus, suivisde divers symptômes. Cependant, selon des scientifiques, il nes’agirait finalement que du chant d’un grillon aux vocalises trèsfortes.  

Arme acoustiqueultra-sophistiquée

Les premières « attaquesacoustiques » avaient été signalées à Cuba en novembre2016. En août de cette année, les médias avaient rapporté que 5diplomates des États-Unis ainsi qu’un diplomate canadien etleurs familles s’étaient plaints de problèmes de santémystérieux.

Ces problèmes étaient caractérisés par dessymptômes anormaux, une perte auditive grave et même, des lésionscérébrales dans certains cas. L’origine de ces sons avaient fait l’objetde nombreuses spéculations. Un enregistrement du sinistrebourdonnement avait même été diffusé dans les médias. Après desmois d’enquête, les autorités américaines étaient arrivées à laconclusion que les diplomates avaient été attaqués avec une armeaudio sophistiquée et inaudible installée à l’intérieur ou àl’extérieur de leurs maisons.

Chant de grillon

Cependant, la semainedernière, deux scientifiques ont avancé des preuves que ces sonsn’étaient finalement pas si mystérieux : ils ont été émis pardes grillons. Selon les scientifiques, cela ne signifie pas que lesdiplomates n’ont pas été attaqués. Mais l’enregistrement ne serait pasle résultat d’une arme à ultrasons comme on le croyait, écrit le New York Times

Alexander Stubbs del’Université de Californie à Berkeley et Fernando Montealegre-Z del’Université de Lincoln en Angleterre ont étudié un enregistrementdes sons dont ont été victimes les diplomates.

« Les milieux médicauxdiscutent abondamment au sujet des dommages physiques subis par cespersonnes. Tout ce que je peux dire de manière définitive, c’estque l’enregistrement publié par les médias est en fait un grillonet nous pensons savoir de quel espèce il s’agit », a expliquéStubbs.

Les résultats de cetteétude ont été présentés lors de la réunion annuelle de laSociety of Integrative and Comparative Biology.

Grillon à queue courtedes Indes

Lorsque Stubbs a entendul’enregistrement pour la première fois, il s’est souvenu desinsectes qu’il avait rencontrés sur le terrain lors de ses travauxdans les Caraïbes. Les deux scientifiques ont constaté par ailleursque les schémas acoustiques du son tels que le taux d’impulsions etles fréquences les plus fortes étaient très similaires auxcaractéristiques du chant de certains types d’insectes chanteurs(cigales, sauterelles, criquets et grillons). Les insectes chanteursmâles produisent des motifs sonores réguliers pendant la périodenuptiale et les femelles sont attirées par certains mâles en raisonde leur chant.

Les scientifiques se sontdits que si les sons entendus par les diplomates étaient produitspar des insectes, il serait peut-être possible d’en localiserl’espèce. Pour rechercher des correspondances, ils ont analysé deséchantillons sonores d’insectes nord-américains mis en ligne parl’Université de Floride. Les chercheurs ont trouvé une ressemblancefrappante avec une espèce spécifique : le grillon à queue courtedes Indes (Anurogrylluscelerinictus) .

Toutefois, le chant dugrillon de l’enregistrement cubain diffère du chant du grillon desIndes sur un point important. En effet, les bruits entendus par lesdiplomates américains étaient irréguliers tandis que cet insecteémet des impulsions rapides et aiguës.

Stubbs a pensé que cetteinadéquation pouvait être le résultat d’un artefact del’enregistrement lui-même. Les enregistrements réalisés par lesdiplomates ont été faits à l’intérieur de leur maison alors queles biologistes ont enregistré les grillons à l’état sauvage. Lechercheur a donc reproduit le son dans une maison et lorsque leschants ont rebondi sur les murs, ils avaient un motif similaire auximpulsions irrégulières de l’enregistrement cubain.

« Le chant du grillon àqueue courte des Indes concorde de manière nuancée avecl’enregistrement en durée, taux de répétition des impulsions,spectre de puissance et stabilité et oscillations des impulsions”,ont déclaré les scientifiques.

« Tout semble logique.C’est une hypothèse assez bien étayée », a déclaré GeraldPollack de l’Université McGill, spécialiste de la communicationacoustique entre insectes.

Lorsque les diplomatesaméricains se sont plaints pour la première fois de sons étrangesà Cuba, ils ont écarté la possibilité qu’ils soient l’origined’insectes. Mais les grillons à queue courte des Indes pour faire un raffut phénoménal.  

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