Allemagne: 4 immigrés sur 10 travaillent maintenant

Plus de trois ans après l’ouverture par Angela Merkel des frontières allemandes à un million d’immigrés du Moyen-Orient, 400 000 d’entre eux travaillent ou suivent une formation.

C’est ce qu’a déclaré Ingo Kramer, président de l’association des employeurs allemands BDA, dans une interview accordée au journal régional Augsburger Allgemeine. Kramer s’étonne de la rapidité avec laquelle l’intégration de ces personnes se réalise et affirme qu’elle se déroule mieux que prévu.

L’Allemagne est aux prises avec un énorme problème démographique

L’Allemagne souffre d’un problème démographique gigantesque, qui a créé toute une série de pénurie de professionnels dans divers secteurs, notamment dans celui du soin aux personnes âgées, par exemple.

Selon le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, « des travailleurs des pays du tiers monde » seront en effet nécessaires pour cela. Une partie du problème vient du vieillissement rapide de l’Allemagne. Au début du mois d’octobre, le pays a été contraint d’assouplir davantage les règles d’immigration. Les chefs d’entreprise allemands ont toujours exprimé leur soutien à la politique d’immigration.

Les PME en particulier réclament des employés, dit Kramer. Après environ un an, les jeunes migrants connaissent déjà suffisamment l’allemand pour pouvoir suivre une formation. « L’Allemagne ne devrait pas avoir peur de l’immigration, mais considérer les personnes qui viennent travailler avec nous comme un enrichissement », a déclaré le patron de BDA.

Le volte-face de la BDA

Le volte-face de la BDA au sujet des réfugiés est frappant. Fin 2015, le moto était complètement différent : “Nous croyions avoir affaire à des médecins et des ingénieurs syriens. On réalise aujourd’hui que ces réfugiés qualifiés forment une minorité, avait déclaré une responsable de l’organisation. Elle avait précisé que plus de la moitié des réfugiés avaient moins de 25 ans et qu’il faudrait 5 ans avant de les intégrer au marché du travail.

Le mois dernier, on a recensé 177 000 réfugiés au chômage. Les employeurs assistent aussi souvent à des expulsions d’employés et de jeunes, parce que le gouvernement Merkel a durci son attitude à l’égard des sans-papiers sous la pression politique exercée sur l’immigration illégale.

Des interrogations sur l’emploi des réfugiés

Dans son dernier rapport annuel, l’Institut allemand des droits de l’homme a soulevé des questions sur l’emploi des réfugiés. Selon le rapport, beaucoup seraient sous-payés, employés sans contrat ou seraient obligés d’effectuer des heures supplémentaires non rémunérées.

Beaucoup d’experts se montraient sceptiques à l’égard de l’assouplissement de cette nouvelle réglementation. À la fin du mois d’août, Eric Seils, auteur du Wirtschafts und Sozialwissenschaftliche Institut, a affirmé que « le problème n’est pas tant qu’il n’y a pas pas assez de personnel disponible, mais plutôt que les entreprises ne sont pas prêtes à offrir les salaires appropriés ».

« Les plaintes des dirigeants d’entreprises concernant la pénurie de travailleurs qualifiés ne sont qu’une tactique pour ralentir la hausse des niveaux de rémunération dans le secteur allemand des bas salaires. Non seulement la législation sur l’immigration prévue pour attirer autant d’employés potentiels que possible est inutile, mais elle est même nuisible. »

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