Les débiteurs espagnols sont poursuivis par Zorro

En Espagne, les agences de recouvrement de créances ont recours à des techniques spéciales pour encourager les débiteurs à rembourser leurs dettes. Plutôt que de suivre la procédure judiciaire classique, elles stigmatisent les débiteurs avec des cascades loufoques, rapporte le Wall Street Journal.

L’Espagne sort lentement d’une crise épouvantable, et une partie de la population est toujours fortement endettée. Au cours du premier trimestre de cette année, 71 % des paiements dus aux entreprises étaient en retard. Comme le recouvrement par les voies judiciaires classiques est un processus lent et coûteux, les créanciers tentent de trouver des alternatives pour se faire payer leurs créances. Celles-ci peuvent prendre la forme de cascades rocambolesques destinées à ridiculiser le débiteur. Désormais, lorsqu’une personne en Espagne est poursuivie dans la rue par un individu portant un étrange costume, presque tout le monde sait qu’il s’agit d’une personne qui n’a pas payé ses dettes à leur échéance.

Le costume de cet assaillant peut-être celui d’un clown, ou d’un personnage de fiction célèbre. Zorro recueille un franc succès, et le journal cite les noms de deux entreprises qui ont élu le justicier masqué : El Zorro Cobro de Morosos, et El Zorro Cobrador.

spanish debt collector disguised in Zorro

© El Coyote Cobrador

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Mais les revenus de cette activité n’étant pas négligeables (ces entreprises empochent entre 20 et 60 % de la somme récupérée), ils exacerbent l’âpre concurrence que se livrent ces agences de recouvrement. El Zorro Cobro de Morosos a ainsi engagé des poursuites contre El Zorro Cobrador, afin d’obtenir le droit exclusif de personnifier Zorro pour obtenir le recouvrement des impayés, en arguant qu’elle était la première à avoir procédé à l’enregistrement de son activité.

Quand Zorro Productions Inc. s’en mêle…

Et les choses pourraient même se compliquer, puisque la société californienne Zorro Productions Inc., qui détient les droits sur le personnage du justicier masqué créé par Johnston McCulley (celui-là même qui a fait l’objet d’un film, et apparaît sur des kiosques à crème glacée ou des serviettes de table en papier), menace d’engager des poursuites contre ces justiciers de la dette espagnols.

Elle redoute en effet que ces entreprises ne gâtent la réputation de son héros, qui se targue d’être le défenseur des pauvres… nonobstant leur niveau d’impayés.

Pour parer à cette éventualité, El Zorro Cobrador a été rebaptisée El Coyote Cobrador (‘le collecteur Coyote), en s’inspirant d’un personnage de bande dessinée éponyme, lui-même inspiré de… Zorro. L’entreprise a aussi créé d’autres sociétés faisant chacune appel à des personnages différents, dont un clown, un centurion romain, et même un Basque en costume régional.

Bientôt une multinationale ?

Elle ambitionne aussi de se développer à l’international et vient de fonder « Sherlock Debt Collectors » en Grande-Bretagne. Hélas… A cette occasion, elle a découvert que les tribunaux britanniques considéraient qu’un agent de recouvrement officiant déguisé en Sherlock Holmes se rendrait coupable de harcèlement…

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