L’AfD promeut la ‘supériorité du peuple allemand’

En Allemagne, le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) subit désormais l’influence d’un groupe raciste et nationaliste qui croit en la supériorité du peuple allemand. C’est ce qui ressort d’un rapport secret du Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV, ou ‘Office fédéral de protection de la constitution’), un service de renseignements allemand, qui a fait l’objet d’une fuite.

Selon le rapport, la direction du parti aurait des liens étroits avec Der Flügel (‘l’Aile’), un groupe d’extrême droite qui proclame une idéologie particulièrement agressive. Ce groupe ambitionne notamment de procéder à l’expulsion des musulmans résidant en Allemagne « par millions ».

Des liens avec des mouvements suprémacistes allemands

Ses dirigeants fréquenteraient assidûment des mouvements suprématistes et glorifieraient la « pureté biologique » de la race allemande.

Le BfV avait informé le parti qu’il s’exposait à être placé sous étroite surveillance, parce qu’il représentait une menace pour la démocratie. Le rapport complet, qui comprend pas moins de 436 pages, a en outre été publié en ligne par le site d’information Netzpolitik, qui a réussi à se le procurer clandestinement, et l’aurait communiqué à d’autres médias.

Alternative für Deutschland a été fondé en 2013 et il s’est affirmé comme le plus grand part d’opposition, avec 91 sièges au Bundestag, le Parlement allemand. Fondé à l’origine  par des intellectuels allemands opposés à l’euro, l’AfD a évolué et a été repris par les populistes au moment de la crise des migrants. Au passage, il s’est transformé en un véritable parti d’extrême droite à l’ancienne, partageant un point commun avec tous les partis d’extrême droite à l’étranger : une aversion pour l’immigration. Pour cette raison, il suscite désormais l’opprobre et est fréquemment critiqué pour les propos racistes, antisémites, homophobes et sexistes de ses membres.

Des dirigeants qui reprennent les slogans d’une période noire de l’histoire allemande

Les analystes des services de resneignements allemands  reconnaissent qu’ils ne disposent pas d’assez de preuves pour affirmer que le parti constitue une menace pour la constitution allemande, mais soulignent que l’AfD a régulièrement défendu l’idée d’un « peuple biologiquement homogène sur le plan ethnique », pour lequel l’immigration constituait une menace.

Les auteurs du rapport pointent qu’Alexander Gauland et Jörg Meuthen, les deux dirigeants nationaux du parti, ont des liens très étroits avec de Der Flügel. Ce mouvement incite régulièrement à la haine à l’encontre des minorités.

Un chapître rapporte notamment que Björn Höcke, le dirigeant de facto de Die Flügel, a déclaré à plusieurs reprises lors de rassemblements que la migration menaçait « d’envahir lepeuple allemand supérieur ». Alexander Gauland aurait lui-même employé « un langage similaire » dans ses discours.

Le courant modéré réclame un nettoyage du parti

A l’annonce de la fuite du rapport, Georg Pazderski, vice-président national d’AfD, a réclamé la tête du responsable du BfV. D’autres politiciens du parti ont remis en cause la valeur de ce ce rapport : « Il est si creux que je comprends parfaitement pourquoi le BfV ne voulait pas le publier », a déclaré Joana Cotar, membre du parti.

Le ministère allemand de l’Intérieur, responsable du service de sécurité, a déclaré qu’il regrettait la fuite. Cependant, l’incident a également provoqué une agitation au sein d’Alternative für Deutschland. Les représentants de l’aile modérée du parti exigent maintenant un nettoyage du mouvement.

Jens Wilharm, l’un des membres de courant modéré (Alternativen Mitte), estime que Der Flügel et Junge Alternative (le groupe des plus jeunes membres) sont devenus un danger existentiel pour le parti. « Mais j’ai peu d’espoir que les dirigeants du parti veuillent ou osent se détourner de ces groupes », déplore-t-il.

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