517 des 967 entreprises les plus anciennes du monde sont japonaises et la raison est étonnante

Les scientifiques ont cherché des entreprises les plus anciennes du monde. Ils ont constaté que 967 des entreprises encore actives aujourd’hui ont été fondées avant l’année 1700. Remarquablement, plus de la moitié d’entre elles – 517, soit 53% – sont japonaises. En fait, huit des 10 entreprises les plus anciennes du monde sont japonaises. Tous ont été fondées avant l’an 800.

Les entreprises ont une durée de vie de plus en plus courte

Dans la Silicon Valley, toute entreprise qui existe depuis plus de 20 ans est qualifiée de “vieille”. Seulement 12 % des entreprises enregistrées dans le Fortune 500 en 1955, existaient encore 60 ans plus tard. Mais la plupart des entreprises n’atteignent même pas les 50 ans d’existence. Pire, la durée de vie des entreprises se raccourcit. De nos jours, une entreprise sur 10 disparaît chaque année. En d’autres termes, les entreprises ferment de plus en plus rapidement.

Ceci est évidemment la conséquence de ce qu’on appelle la destruction créatrice, selon laquelle les concurrents lancent des produits meilleurs et moins chers sur le marché – souvent sur l’impulsion de nouvelles technologies –  que leurs collègues plus âgés.

Les scientifiques ont cherché des entreprises les plus anciennes du monde et ont découvert que l’on recense aujourd’hui 967 entreprises encore actives qui ont été fondées avant l’année 1700. La moitié d’entre elles – 517% ou 53 % – ont leur siège au Japon. En fait, 8 des 10 entreprises les plus anciennes du monde sont japonaises. Tous ont été fondées avant l’an 800.

Ainsi, le Japon a le plus vieil hôtel du monde (établi en 705), l’usine de machine-outils la plus ancienne (760), la fabrique de bonbons la plus âgée (1000), la brasserie de saké le plus ancienne (1141), le producteur de thé le plus ancien (1160) et la plus ancienne pharmacie (1390).

© EPA

Les CEO adoptés

Différentes raisons expliquent ce fait. Tout d’abord, le Japon est l’un des pays les plus anciens du monde. Entre 1641 et 1843, le pays a également connu plus de 200 années consécutives de paix, une période exceptionnellement longue selon les normes occidentales. Cette période a été très prospère pour les entreprises. Cette stabilité a aussi été idéale pour permettre à certaines d’entre elles de se doter de fondations solides.

La plupart de ces entreprises ont exploité des produits traditionnels ayant une origine culturelle (le saké par exemple, mais aussi le thé, les costumes traditionnels ou les poupées). Et comme ces traditions perdurent souvent de nos jours, elles sont encore actives.

Mais la raison principale est remarquable et largement méconnue, parce qu’elle est peu courante dans le monde des affaires. Dans la culture japonaise, on accorde une grande importance aux entreprises avec des racines traditionnelles fortes, donc familiales. La majeure partie des entreprises les plus anciennes sont donc gérées depuis des siècles par la même famille. Cependant, il peut arriver que ces familles se retrouvent sans héritier, ou que celui-ci est considéré comme incapable de reprendre l’entreprise familiale. Dans ce cas, plutôt que de mettre fin à l’activité de l’entreprise, ces familles adoptent un CEO. Ou, comme les Japonais l’expriment eux-mêmes, “un fils de meilleure qualité que celui dont la nature les a dotés”.

98 % des adoptions familiales concernent des hommes adultes

Le Japon a une forte tradition d’adoption d’adultes, qui remonte au 13ème siècle. Les familles sans héritier adoptaient des hommes adultes pour prendre en charge les tâches ménagères. Des siècles plus tard, le monde des affaires a repris ce concept pour lui conférer une signification prestigieuse.

Aujourd’hui, la pratique est si courante que 98 % des adoptions familiales concernent des hommes adultes. Le constructeur automobile japonais Suzuki a été dirigé par quatre générations de CEO adoptés avant que l’actuel CEO (notre photo ci-dessus, lui-même un fils naturel) ne reprenne le flambeau.

Des études ont montré que l’adoption permet aux entreprises japonaises de bénéficier d’une gestion bien plus professionnelle que la plupart de leurs concurrentes étrangères.

Les adhésions à des clubs élitistes

Cette particularité présente un autre avantage : les CEO de ces firmes familiales ancestrales rejoignent des clubs sociaux exclusifs, qui n’acceptent pour membres que les entreprises 100 % familiales vieilles de plus de 200 ans. Dans ces clubs, ils s’échangent des informations sur la façon dont ils gèrent leurs entreprises.

En conséquence, alors que les entreprises en Europe et aux États-Unis tombent comme des mouches, la pratique de l’adoption a permis aux entreprises japonaises de s’imposer depuis des siècles.

Plus