5 indicateurs de croissance économique qui sont mieux que le PIB

Quand on souhaite mesurer la croissance économique d’un pays, on utilise toujours son produit intérieur brut (PIB). Mais il y a d’autres indicateurs « plus parlants ».

Le PIB est un indice souvent utilisé pour calculer la croissance d’une économie et la comparer à celle d’autres pays. Le produit intérieur brut est issu d’une formule qui fait la somme des valeurs ajoutées de tous les biens et services produits à l’intérieur d’un pays.

Le problème est que le PIB ne tient pas compte de certaines choses essentielles dans son calcul. Premièrement, tout ce qui rentre dans les activités non rémunérées, comme le travail domestique ou encore le bénévolat. Deuxièmement, il ne tient pas non plus compte de toutes les activités qui ne sont pas déclarées comme le travail « au noir » et le travail illégal. Et troisièmement, il ne se préoccupe pas du capital naturel (qui est composé des animaux, des végétaux, des minéraux…) qui se dégrade lorsque les habitants produisent ces fameux biens et services.

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Le pouvoir d’achat

Le PIB sert également de base pour mesurer le produit intérieur brut par habitant. Il se veut être un indicateur du revenu par personne ou du pouvoir d’achat. Mais il ne tient absolument pas compte des disparités entre les habitants. En Belgique, le PIB par habitant est de 41.096 dollars (soit 35.442 euros). La Belgique se trouve sur la 25e marche du classement mondial, une place plutôt honorable qui cache malheureusement beaucoup de choses. Il arrive souvent que le PIB par habitant soit en pleine croissance, tandis que le salaire médian de la majorité des habitants diminue. Il augmente alors uniquement car le salaire d’une minorité de la population (les plus nantis) est revu à la hausse. De plus, la part du salaire dans le PIB par habitant ne cesse de diminuer. Elle est en déclin depuis le milieu des années 1970. En 1975, la part des salaires dans le PIB était de 72 %, tandis qu’en 2017, elle n’était plus que de 63 %.

En conclusion, le PIB sert à indiquer la vitesse de l’économie, mais absolument pas si elle va dans la bonne direction ou pas. C’est pour cette raison que la NEF, la New Economics Foundation, a décidé de proposer cinq autres indicateurs complémentaires qui permettraient une meilleure mesure de la croissance économique

1. Le taux d’emploi

C’est le nombre de personnes actives parmi celles qui sont en âge de travailler. Cela permet d’évaluer le marché du travail dans un pays. Beaucoup d’experts préfèrent ce taux à celui du chômage car il détermine le potentiel productif d’un pays, là où le chômage reflète plus un dysfonctionnement. De plus, le taux de chômage mesure également le nombre de personnes sans emploi donc « inactives » dans un pays. Mais cela ne reflète pas la réalité car bon nombre d’entre elles sont en recherche d’un travail donc il n’est pas juste de les classer dans la catégorie inactive.

Le gros problème est que le taux d’emploi ne dit pas quelle proportion de ceux qui ont un emploi sont payés trop peu pour avoir un niveau de vie décent ou si le travail est très précaire et qu’ils se demandent s’ils auront encore du travail le mois prochain.

En Belgique, le taux d’emploi était de 68,5 % pour l’année 2017. L’objectif qui a été fixé dans le cadre de la stratégie UE-2020 est de 73,2 %.

2. Le bien-être

Il faut quand même se rappeler que mesurer la croissance économique d’un pays sert aussi, dans le fond, à déterminer le bien-être de la population. La croissance économique d’un pays n’est pas une fin en soit. Le fameux PIB par habitant détermine le pouvoir d’achat des gens et donc leur bien-être économique et matériel. Alors pourquoi ne pas mesurer le bien-être directement si c’est là la raison même de toute mesure économique?

En Belgique, un indice de bien-être a été mis au point par le Bureau du Plan, le BEIM. Cet indice comprend six critères qui ont été choisis comme les principaux éléments du bien-être de la population. Il s’agit de l’état de santé, la privation matérielle, l’incapacité de travail, le chômage, le décrochage scolaire et le support social. Et, mauvaise nouvelle, cet indice ne cesse de reculer depuis 2005. Il a atteint son point le plus bas en 2011, est légèrement remonté en 2012 et est redescendu par la suite. Une légère hausse a été observée dans les dernières données entre 2015 et 2016.

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3. L’environnement

La NEF propose de développer un indicateur national des émissions de carbone liées au style de vie de la population. Elle souhaite le mettre en perspective par rapport à un quota calculé à partir des objectifs mondiaux pour éviter les conséquences les plus néfastes du changement climatique

4. L’égalité des richesses

Comme nous le détaillions plus haut, il est possible d’avoir une croissance du PIB alors que le salaire moyen diminue pour une grosse partie de la population et augmente pour une tranche infime. En plus, la part des salaires dans le PIB ne cesse de diminuer depuis 1970. En 1975, les salaires composaient 72 % du PIB, et en 2017 cette part est passée à 63 %. 

Selon Oxfam, les 10 % de Belges les plus riches possèdent près de la moitié (48,2 %) du patrimoine total. Et les 1 % des plus riches détiennent 17,9 % du patrimoine.

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5. La santé

Pour la santé, La NEF propose un indice qui serait déterminé par les « décès évitables ». Il refléterait la qualité des interventions de santé, pas seulement les traitements, mais aussi la prévention.

En Belgique, il existe bien un indice santé, mais qui n’a rien à voir avec celui proposé par la NEF. Il provient de l’indice des prix à la consommation. C’est un indicateur qui mesure l’évolution du prix d’un panier de biens et services qui est censé représenter la consommation de la population. Il reflète donc l’évolution du coût de la vie. L’indice santé est calculé à partir de l’indice des prix à la consommation duquel on retire le prix du tabac, des boissons alcoolisées, de l’essence et du diesel. Et c’est cet indice qui est utilisé pour calculer les hausses de loyer.

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